La semaine
dernière, un rapport de l'INHES (Institut national des hautes études de
sécurité) soulignait des dysfonctionnement dans l'emploi de la
vidéosurveillance en France. De son côté, la préfecture du Nord s'est
fixé pour objectif de développer l'usage de la vidéo, comme outils de
prévention et d'investigation. Alors, qu'en est-il réellement de la
vidéosurveillance à Lille ?
PAR SILVÈRE BOUCHER-LAMBERT ET BENJAMIN DUTHOIT
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PHOTO ARCHIVES CHRISTOPHE LEFEBVRE
Pour la mairie de Lille, il n'y a pas photo. La ville n'a jamais demandé, ni installé la moindre caméra. « Nous
sommes très clairement hostiles à la vidéosuveillance dans l'espace
publique, tant d'un point de vue technique que philosophique », résume ainsi Roger Vicot, adjoint au maire en charge de la sécurité. « C'est un véritable enjeu au regard des libertés publiques. Si on ne dresse pas de garde-fous moraux, il y a danger. » Et de citer l'exemple de Londres, où chaque citoyen est en moyenne filmé 300 fois par jour. « Des étude menées en début d'année montrent que c'est un fiasco. » Du côté de l'opposition, Sébastien Huyghe, député et conseiller municipal, se dit «
très favorable à la vidéoprotection. La mise en place d'un système à
Roubaix a apporté entière satisfaction et permis de faire baisser la
délinquance. Preuve que le débat dépasse le clivage droite-gauche ». Mais, tempère celui qui est également membre de la CNIL, cela impliquerait « la mise en place en parallèle d'un comité d'éthique ».
La ville n'a donc pour l'heure aucune caméra braquée sur les
rues. Et pourtant... Les caméras sont bel et bien présentes à Lille, et
en nombre. Selon les chiffres de la préfecture, on en compte 6 210,
soit un appareil pour 58 Lillois. 1 680 d'entre elles tournent dans des
locaux privés - supermarchés, commerces, banques... -, les autres étant
propriété d'établissements publiques. Au premier rang d'entre eux
figure Transpole, qui comptera à la fin de l'été pas moins de 2 000
caméras dans toute la métropole, dont la majeure partie à Lille.
L'entreprise dote les bus et les rames, les caméras situées dans les
bouches de métro étant financées par la communauté urbaine. Et ce
dispositif dans les transports en commun fait le bonheur des policiers.
Ces derniers mois, plusieurs affaires ont pu être résolues grâce aux
bandes des caméras du métro. Mais, Roger Vicot l'assure, la machine ne
remplacera jamais l'humain. « Ce qu'il manque à Lille, ce sont des
policiers de proximité. Il en faut plus. C'est le seul moyen de
rassurer les gens et de faire baisser la délinquance. » •